Les femmes dans le monde de la mode

Les femmes dans les usines de vêtements

Les faits

  • Plus de 70% des ouvriers du vêtement en Chine sont des femmes, 85% au Bangladesh et 90% au Cambodge.
  • La majorité des travailleuses travaillant dans ces usines ne perçoivent pas un salaire suffisant pour pouvoir vivre.
  • Les travailleuses de ces usines sont payées moins chers que leurs homologues masculins.
  • Les heures de travail trop longues, le manque de pause, le harcèlement et les abus physiques et psychologiques sont fréquents dans ces usines.
  • Les pressions en vue d’un travail plus rapide ont un plus gros impact pour les femmes qui ont besoin de davantage de pauses toilettes ou de pauses de repos lors de leurs périodes de menstruation.

Le défi

Alors que les industries de vêtements peuvent être un moyen d’accès au travail et donc un outil d’émancipation pour les femmes, comment assurer des conditions de travail acceptables pour ces femmes et une réelle émancipation?

Les causes

#1 Les stratégies d’approvisionnement des grandes marques:  les prix d’achat trop bas, l’imposition de délais de fabrication et les lourdes pénalités de retard imposées par la fast fashion incitent les fabricants à se livrer à des pratiques de travail abusives.

#2 L’utilisation des femmes comme « cheap labor »: Les propriétaires d’usines ont profité de la position inégale des femmes dans la société pour former une main-d’œuvre encore moins chère, plus docile et plus flexible.

#3 L’opacité de la chaine d’approvisionnement: Malgré les systèmes d’audits, les marques elles-mêmes ont parfois du mal à identifier tous leurs fournisseurs.

#4 l’inefficacité des audits: Les systèmes d’audits dans leurs états actuels ne permettent pas de mesurer efficacement le harcèlement, les abus physiques et psychologiques vécus.

Les bonnes nouvelles

De plus en plus de marques mettent en place des systèmes d’audits pour savoir où sont produits leurs vêtements et dans quelle condition.

Même si les audits ne sont pas parfaits, il faut commencer quelque part et faire évoluer les pratiques!

Augmentation des salaires en Chine pour les travailleuses des usines textiles à 217$/mois comparativement à 63$/ mois au Bangladesh.

Avec la crise de la Covid-19, 77,4% des Québécois disent avoir moins envie de magasiner. 70 % disent favoriser l’achat local , il s’agit d’une hausse de 50%. Ceci pourrait amener une diminution des pressions sur les usines.

Le 23 février 2022, l'Union Européenne a adopté sa proposition de directive sur le devoir de vigilance des entreprises. Cette loi oblige les multinationales à prévenir et à remédier aux atteintes aux droits humains et à l’environnement dans les chaînes de valeur mondiales.

En janvier 2022,  la Ville de New-York a déposé un projet de loi qui tiendrait les plus grandes marques de la mode responsables de leur rôle dans les changements climatiques. Ceci inciterait les marques a revoir le respect de normes environnementales qui impactent souvent la santé des travailleurs dans les usines textiles.

Mise en place du International Accord for Health and Safety in the Textile and Garment Industry en septembre 2021. L'Accord de base touchait uniquement le Bangladesh et visait la sécurité des bâtiments. La nouvelle version vise à s'étendre à l'échelle mondiale d'ici un an, en étendant ses travaux à au moins un autre pays et seront également élargis pour inclure la santé et la sécurité - pas seulement la sécurité incendie et la sécurité des bâtiments. Elle vise aussi la diligence raisonnable en matière de droits de l'homme tout au long des chaînes d'approvisionnement mondiales des marques de mode. 

Ce qu'on peut faire comme consommateur

#1: Diminuer sa consommation de fast fashion:

  • Acheter par nécessité, surtout pas parce que c’est en spécial.
  • Privilégier la qualité à la quantité.
  • Acheter des morceaux qu’on aime et qu’on va vouloir porter pour 10 ans.

#2 S’informer

  • S’informer sur les pratiques d’approvisionnement des marques que nous avons l’habitude d’acheter.

#3 Encourager des marques qui

  • Produisent dans des pays qui ont des normes de travail acceptables.
  • Visitent leurs sous-traitants et qui ont des relations de longues dates. Ceci évite que l’entreprise change de fournisseurs lorsque les salaires augmentent. Nous l’avons vu avec le transfert de la Chine vers le Bangladesh.
  • Utilisent des fournisseurs certifiés (SA 8000, Fairtrade, etc.)

Les femmes dans les postes de direction des marques de modes

Les faits

  • 80% des acheteurs de vêtements sont des femmes.
  • 80% des étudiants dans les écoles de mode sont des femmes. 50% des étudiants des les programmes de gestion sont des femmes.
  • Seulement 12.5% des compagnies de mode du Fortune 1000 sont gérées par des femmes.

Le défi

Bien que la clientèle générale de la mode soit les femmes et que les écoles de modes et de gestion soient autant (et même plus) fréquentées par les femmes que par les hommes, la direction des grandes marques de mode est encore majoritairement masculine.

Les causes

#1 Manque de leadership des PDG: Beaucoup attribuent les décisions en matière de diversité aux services des ressources humaines sans engagement réel du PDG ni mesures significatives pour mesurer le succès.

#2 Biais inconscient: Comme les postes de directions ont traditionnellement été occupés par des hommes on pense souvent que les hommes sont naturellement de meilleurs dirigeants. Lors de sélections de candidats ces biais viennent influencer nos décisions puisque nous passons près de 40% plus de temps à chercher des informations pour confirmer nos croyances.

#4 Contraintes sociétales: Étant donné leur éducation, les femmes ne postuleront généralement pas à un emploi à moins de répondre à 100% des exigences, tandis que les hommes postulent s'ils satisfont à 60%.

#5 Les angles morts institutionnels: La grande majorité des PDG du secteur de l'habillement sont traditionnellement des hommes, ce qui suggère qu'il peut y avoir des angles morts institutionnels soutenant le statu quo puisqu’on ne prend pas conscience du manque de femmes.

#6 Aucune structure de soutien: Les femmes qui font une pause pour fonder une famille se trouvent souvent obligées de prendre du recul dans leur carrière lorsqu'elles décident de revenir étant donnée les longues heures de travail et les voyages fréquents. Les ouvertures aux conciliations travail/famille sont très souvent absentes pour ces postes.

Les bonnes nouvelles

En France, la proportion de femmes dans les comités exécutifs et comités de directions de marques de mode sont passés de 6,8% en 2010 à 15,6% en 2018. Un bond de 8,8%.

À Montréal, tout secteur confondu, les femmes occupent 40,7% des postes de hautes direction Un bond de 8,1% depuis 2016.

Ce qu'on peut faire comme consommateur

#1: Encourager les femmes à prendre conscience de leur valeur en:

  • Achetant des produits de designers féminins
  • Achetant des produits de marques gérées par des femmes
  • Encourageant collègues et amies à postuler sur des postes de direction même si elles satisfont à 60% 😉

#2 Encourager des marques qui ont mis en place et en pratique des programmes :

  • d'équité au niveau des membres de directions et/ou du conseil d'administration
  • d'équité salariale
  • conciliation travail-famille

     

    Sources:

    https://www.pwc.com/us/en/industries/consumer-markets/assets/pwc-unraveling-the-fabric-ceiling.pdf
    https://wecf-france.org/lexploitation-des-travailleurs-euses-dans-les-usines-textiles/
    https://www.hrw.org/sites/default/files/supporting_resources/brochure_combatting_sexual_harassment_garment.pdf